Le zoom 200-400mm manquait à Canon
La gamme des téléobjectifs Canon est la plus fournie que l'on puisse trouver. Pourtant, depuis longtemps les spécialistes de l'animalier rêvaient d'un zoom pro, lumineux, couvrant les focales du moyen au super-télé. Personnellement, il m'est arrivé plus d'une fois d'envier mes confrères équipés en Nikon quand ils jouaient avec leur 200-400 f/4.
Canon a beaucoup tardé à présenter un produit face à cet excellent 200-400 Nikon. L'annonce du zoom 200-400mm F/4 L IS x1,4 comble cette lacune en innovant par l'intégration du multiplicateur 1,4 à l'objectif. Finalement, avec cette intégration, dans la pratique ce zoom correspond à un 200-560mm f/4-5,6 stabilisé. Sur le papier, nous découvrons un vrai bijou, mais que sur le terrain, que vaut-il ?
L'objectif est livré dans un grand carton qui protège la traditionnelle mallette fournie avec les gros téléobjectifs de Canon. Comme d'habitude, elle finira dans le placard. Pour la photo animalière, elle est tout le contraire de ce que l'on souhaiterait. Un beau sac en nylon fort bien rembourré avec de la place pour le boitier et un ou deux accessoires serait léger et cent fois plus pratique à mon avis. Par rapport aux anciens "gros blancs", le capuchon avant de l'objectif est en net progrès. Comme tous téléobjectifs Canon série II, conçu en nylon fort (quelle bonne idée) il est léger et s'installe facilement sur le pare-soleil. Malheureusement, il s'adapte mal quand le pare-soleil n'est pas monté sur l'objectif. C'est un détail me direz-vous, et bien pas tant que ça. Ceux qui comme moi voyagent avec leurs optiques dans leur bagage à main, avec, pour gagner de la place, les pare-soleils en soute, me comprendront. Deux systèmes de fixation pour pied sont fournis, un long et un court avec vis en gros et petit pas. Parfait ! Enfin, presque parfait, il manque toujours les rainures au format ARCA SWISS (et Wimberley) permettant de monter directement ce zoom sur une rotule sans être contraint de monter un plateau spécifique, mais ne rêvons pas. Tout de même, pour ma part, je n'arrive pas à comprendre comment à un tel niveau de prix et avec autant de génie technique et optique déployé, Canon (et ses confrères) n'étudie(nt) pas avec plus d'attention (et de praticité) ces aspects, certes annexes, mais qui sont bien plus que des détails.
Passons aux choses plus sérieuses, prenons la bête en main.
Encombrement et poids du 200-400 Canon
Bien sûr, comme tous les téléobjectifs "pro", à l'exception du 400mm DO, ce 200-400 est un peu encombrant et lourd (3,6kg soit 5 bons kilos avec boitier pro). Le verre est un matériau lourd et la formule optique complexe d'un zoom réclame beaucoup de lentilles (pas moins de 33 lentilles dans ce zoom). Ajoutez à cela qu'une ouverture à f/4 pour un 400mm suppose une lentille frontale de 10cm de diamètre. Finalement, dans un tel contexte, cet objectif ne pèse pas si lourd. Il fait 200g de plus que le Nikon qui n'intègre pas de convertisseur. À l'usage, ce 200-400 s'avère plutôt bien équilibré et on supporte assez facilement son poids. Idéalement, il reste préférable d'avoir au moins un monopode ou de disposer de points d'appui pour ménager les bras, mais l'optique est bien équilibrée au point qu'on le le trouve plus si pesant. Si l'ensemble en impose, il est un peu plus discret qu'un 500, et surtout, cet objectif est très maniable et bien conçu. Personnellement, je l'utilise sans réserve à main levée quand c'est nécessaire avec une fatigue supportable.
Construction
Il s'agit d'un objectif "pro", avec des joints partout contre l'humidité et la poussière, construit pour supporter un usage intensif en sport, reportage ou animalier. Ces disciplines photographiques imposent au matériel des contraintes difficiles (chocs, poussière, embruns, pluie, gel, etc.) que cette optique supportera si ça s'avère nécessaire. Je précise tout de suite que je ne dis pas que les objectifs et boitiers "pros" peuvent être traités sans précaution, il s'agit de matériel de précision forcément fragile. Je dis simplement qu'en cas d'accident ou en situation délicate, ils résisteront mieux.
Les commandes
Lorsque l'objectif est monté sur un boitier que vous portez à votre oeil, deux tableaux des commandes se situent classiquement à gauche. Le premier est proche de la baïonnette. Il comporte les touches d'usage en prise de vue comme le mode de mise au point et le limiteur de plage. Il tombe parfaitement sous la main et dès lors que l'on connait la disposition des touches, aucun problème pour user des commandes essentielles sans quitter le viseur. Le second bloc est plus en avant. Il permet de piloter le mode de stabilisation et la présélection d'une mise au point. La commande de positionnement du convertisseur se situe elle aussi près de la baîonnette où elle peut s'actionner facilement d'un doigt. Elle est verrouillable ce qui évite les fausses manipulations. Personnellement, sauf pour le transport, je préfère la garder déverrouillé pour l'actionner très rapidement si besoin.
En prise de vue sur le terrain
Vous l'avez compris, jusque là, j'utilisais des téléobjectifs à focale fixe (300mm et 600mm) et les compléments x1,4 et x2. Il m'en reste des (mauvaises) habitudes et, comme chacun sait, les habitudes sont difficiles à perdre. Donc, au début, j'utilisais un peu machinalement ce zoom comme une focale fixe. Bizarrement, il m'a fallu quelques jours pour tirer totalement parti du potentiel offert par les focales glissantes du zoom. Dans le feu de l'action, polarisé par le sujet et trop habitué à composer avec les focales fixes il m'arrivait souvent d'oublier que je disposais d'une grande capacité d'adaptation du cadrage. Rassurez-vous, on guéri vite de ce syndrome, après quelques jours, j'avais trouvé mes marques et disposant d'un outil très polyvalent, je zoomais sans réserve. En revanche, sans doute aussi par habitude, j'ai immédiatement exploité avec aisance le multiplicateur intégré. Quand le multiplicateur est externe, sur le vif, on hésite souvent à monter ou ôter un "extender" si le contexte change. Vu que l'opération prend un peu de temps, elle peut faire rater une belle image. Parfois aussi, en environnement défavorable ou simplement poussiéreux cela entraîne un risque pour le matériel. Avec cet objectif, vous oubliez tout ça. L'utilisation du convertisseur est si facile que vous en usez sans réserve. D'un doigt vous bougez la manette et le tour et joué sans même que l'oeil ne quitte le viseur. C'est simplement génial. Bien sûr, certains craindront que l'extendeur baisse la qualité d'image. Rassurez-vous, il n'en est rien, ou si peu, que c'est insignifiant. Ce convertisseur est calculé spécialement pour cet objectif et les différences, avec ou sans, sont infimes. Vous pouvez le constater en observant les extraits à 100% des images présentées en exemple.
En animalier, sur le terrain, ce 200-400 Canon avec converter intégré est un outil fabuleux, quasi universel. Rendez-vous compte, avec un boitier plein format, vous disposez d'un 200-560mm couvrant presque tous les besoins. Avec un boitier APS-C comme le 7D vous couvrez des équivalences de cadrage du 340 au 896mm. Que demander de mieux ?
Face au 300 et au 600
Comme je l'ai dit, j'ai aussi un 300mm f/2,8 et un 600 f/4. D'emblée, j'ai négligé le 300 au profit du zoom sans plus de questions et Dieu sait si ce 300 est bon. En revanche, mon 600 restait toujours à portée de main. Pour les sujets un peu lointains et les oiseaux, je donnais priorité au 600. Il pique comme épingle, donne un bokey magnifique, supporte très bien les multiplicateurs et j'y suis habitué. Mais, je dois reconnaître que petit à petit, le zoom s'est imposé par sa polyvalence et son côté "couteau suisse" du photographe animalier.
Et la qualité d'image dans tout ça
Elle est bien sur excellente mais le mieux et que vous en jugiez par vous même sur des parties d'images à 100% de la résolution.
Je vous propose d'aborder le sujet en utilisant :
- un boitier plein format, le Canon EOS 5D Mark III avec ses 22 millions de pixels
- un boitier APS-c, le 7D avec ses 18 millions de pixels.
Le 5D, avec ses pixels un peu plus gros, est moins exigeant en résolution, mais avec lui, on "plafonne" avec un cadrage natif de 560mm. Ajoutons qu'en plein format, l'image est plus touchée par le vignetage même si de nos jours, les logiciels corrigent ce point très facilement (parfois même sans qu'on le sache). Le 7D est un peu plus exigeant en résolution (seulement 18 millions de pixels mais sur une surface beaucoup plus petite). Il est moins sujet au vignetage avec un cadrage plus serré qui correspond à un équivalent 896mm à la plus longue focale.
S'agissant d'un zoom équipé d'un convertisseur, j'ai cherché à donner une vision de la qualité du produit aux différentes focales accessibles. Vous trouvez donc des images réalisées aux différentes focales, d'autres avec le multiplicateur et pour aller au fond des choses, j'ai ajouté un convertisseur 1,4 en plus de l'extender incorporé.
Vous trouverez les résultats en images dans les pages qui suivent.